La liberté peut-elle être possible dans ce monde ? Ne nous met-elle pas face à des choix et des renoncements ?
« Ce n’est pas l’«impression» de liberté qui est illusoire, c’est la liberté elle-même.» Gérard Bessette
La liberté est une de nos aspirations profondes, elle fait d’ailleurs partie de la déclaration universelle des droits de l’Homme et du Citoyen.
Par définition, la liberté est une absence de contrainte, de servitude, d’asservissement, d’assujettissement, de censure, d’obligation, d’interdiction, d’entrave, mais qu’en est-il vraiment ?
Dans notre monde la liberté est relative, car par souci de sécurité et pour le respect des libertés, elle est soumise aux règles qu'impose la société. La loi intervient pour fixer des règles de manière à ce que chacun sache ce qui est autorisé de faire ou pas. Ainsi, notre liberté s’arrête là où commence celle des autres…, elle ne doit donc pas empiéter sur celle d’autrui.
La liberté de l’autre dans ce qui lui est autorisé peut parfois nous être dérangeante, mais il est de son droit d’en user. Ainsi la liberté d’autrui peut nuire à notre propre liberté. Par exemple, puisque la loi l’y autorise, notre voisin est totalement libre de passer la tondeuse à gazon en journée, même si nous souhaitons nous reposer. Nous ne pouvons l’en empêcher et devons donc l’accepter...
Pour une bonne entente entre voisins, il est tout de même préférable de trouver ensemble un code de bon voisinage avant de devoir en arriver à recourir à la loi, ce qui nuirait à cette relation.
« La liberté est la faculté que tout homme porte en lui d’agir selon sa propre détermination, sans avoir à subir d’autres contraintes que celles qui sont nécessaires à la liberté des autres ». Georges Burdeau,
La liberté ne peut selon moi, s’envisager sans la responsabilité individuelle et/ou collective, car elle implique la conscience morale de nos actes. Cela engage notre responsabilité, nous imposant de réfléchir en toute conscience avant d’agir sur les conséquences de nos actions. La liberté de nos choix implique le fait de les assumer.
Tout conditionnement auquel nous sommes soumis, restreint la liberté.
Il est dit que nous naissons libre ! Pourtant, au moment de la naissance l’enfant est relié à sa mère par le cordon ombilical, il ne peut donc « naître libre ». Même après avoir coupé ce lien pour le séparer de sa mère, il ne l’est pas non plus, puisqu’il est dépendant d’elle ne serait ce que pour lui prodiguer des soins et l’alimenter. Il est dont assujetti à sa mère, puis aux règles familiales et sociétales.
Son devenir sera influencé par l’éducation qui va lui être donné, par la personnalité de ses parents, mais aussi leurs croyances, leur perception du monde qui les entoure, ainsi que par leurs ressentis, sans oublier l’environnement dans lequel il grandit. L’image qu’ils auront de lui (le regard qu’ils lui portent en positif ou en négatif), sera celle qu’il intègrera comme étant ce qu’il est. Regard qui peut nuire à l’image de soi et à la liberté d’être soi-même.
Ainsi, dès la naissance nous sommes « prisonniers» de ce « conditionnement », sans liberté de choix face à un environnement qui nous est imposé. Nous devons donc nous en accommoder et nous adapter.
L’éducation donnée aux enfants concernant l'obéissance, amène à se questionner sur les conséquences qu’elle peut produire.
Le système éducatif le plus répandu est basé sur l’obéissance à l’autorité incluant bien souvent la sanction et la récompense. Ainsi, dès les premières années, l’enfant est soumis à un apprentissage fait d’interdits constants et d’obligations qui s'intériorisent en lui. L'apprentissage à l'obéissance va continuer tout au long du processus de socialisation, comme à l'école et à l'armée, avant d’être confronté à la vie professionnelle avec un système hiérarchique basé sur ce mode.
L’expérience de Milgram a démontré l’impact que peut avoir cette notion d’obéissance sur nos choix. Stanley Milgram a en effet mis en évidence le rôle de la hiérarchie basée sur l’obéissance, un des fondements de la vie professionnelle. Selon lui, dès lors que l'individu est confronté à une autorité qu'il perçoit comme légitime, il adopte naturellement à son encontre un comportement d'obéissance et ce, sans aucune remise en question de la relation qu'il entretient avec celui ou celle qui incarne l’autorité.
Pour Stanley Milgram, l'individu qui entre dans un système d'autorité ne se voit plus responsable de ses actes, mais plutôt comme un exécutif des volontés d’autrui.
En complément, un extrait d’Étienne de la Boëtie sur la servitude: « Discours de la servitude volontaire»
http://www.webnietzsche.fr/boetie.htm
« La première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c'est qu'ils naissent serviles et qu'ils sont élevés comme tels. Puis vient l'habitude, et le pouvoir se renforce et peut devenir tyrannique. Par peur ou par faiblesse, tous les hommes obéissent plutôt que de s'opposer à l'autorité. De cela découle que, sous la tyrannie, les gens deviennent lâches, mous et efféminés. Ils revendiquent plus de liberté mais manquent de volonté pour l'exercer. Il est certain qu'en perdant ses libertés, on perd vite la vaillance, l'intrépidité. Les gens soumis n'ont ni ardeur ni pugnacité au combat. Ils y vont tout engourdis, comme s'acquittant avec peine d'une obligation. Alors que l'ardeur de la liberté fait mépriser le péril et donne envie de gagner auprès de ses compagnons, quitte à mourir avec l'honneur et la gloire de n'avoir pas failli à son devoir, ni même faibli [les soldats de Bonaparte avaient retrouvé l'ardeur en se sentant porteurs des idéaux de la révolution (Liberté, Egalité, Fraternité) ».
«Le monde ne sera sauvé - s'il peut l'être - que par des insoumis.» André Gide
Le point de vue de Carl Rogers sur l’enseignement me paraît intéressant.
http://www.education-joyeuse.com/2012/11/une-in...
Voici quelques passages de cette interview:
-Décrivez-nous l'enseignant idéal, le maître tel que vous voudriez le voir dans chaque école et dans chaque classe ?
« Cela m'est d'autant plus facile que toutes mes idées tournent autour du rôle que devrait jouer le maître. La révolution viendra en éducation. Mais elle ne dépendra ni des diplômes des professeurs, ni de leurs connaissances, ni des programmes, ni des livres, ni des méthodes audio-visuelles, ni d'aucun progrès technique. Elle dépendra uniquement du climat que saura créer le maître dans ses relations avec l'élève ».
- Vous refusez au maître le pouvoir de juger et d'apprécier la valeur de l'élève ?
« Le maître ne juge pas l'élève, il ne lui dit pas : ceci est bon, cela est mauvais. Il lui donne l'impression qu'il le comprend de l'intérieur et que les échecs autant que les réussites font partie de l'apprentissage de la connaissance. Je suis violemment opposé à tout système d'examens et de diplômes. Mais je ne suis pas forcément hostile à la notation. Seulement celui qui attribue les notes, ce n'est pas le maître, c'est l'élève.»
L’éducation nationale pourrait s’inspirer de ce modèle pédagogique préconisé par Rogers. L’utilisation des notes pour évaluer le travail de l’élève, est un système basé sur la valorisation/dévalorisation, soumis à un jugement appréciatif et aléatoire de l’enseignant, ce qui n’est pas sans générer des rivalités et pour certains élèves, peurs et angoisses. L’enfant apprend, sous une certaine contrainte, à devoir réussir s’il ne veut pas être sanctionné et ni être l’objet de comparaisons. Selon ses résultats, vient ensuite la récompense ou la sanction.
Il fut un temps pas si lointain, où l’autoritarisme et l’humiliation étaient de mise. D’ailleurs le bonnet d’âne venait signifier à tous que l’élève qui le portait, était un cancre.
Liberté individuelle et liberté collective sont-elles compatibles ?
La liberté collective par définition est le droit que l’on peut exercer dans le cadre de la vie collective en société. Dans les pays démocratiques, liberté individuelle et/ou collective peuvent parfois s’opposer par exemple pour certains droits acquis sous la pression bien souvent sociale, sur la liberté d’expression, de conscience, d’information, de respect de la vie privée…
La grève est un exemple de liberté collective. Ce droit individuel s'exerce dans un cadre collectif. C’est un droit obtenu grâce aux revendications et luttes ouvrières. Ainsi, cette cessation de travail peut nuire au patronat dans leur liberté individuelle d’entreprendre et de produire.
Sous couvert d’une « liberté collective », il y a parfois quelques petits arrangements de la liberté au service de certains individus, avides de confort matériel, d’ambitions, de pouvoir….
Ceux qui gouvernent peuvent être tenter d'user de « domination et/ou de manipulation » pour servir des intérêts et leur soif de pouvoir, pouvant même aller à l’encontre de la volonté des citoyens, qui par les urnes s’expriment « démocratiquement ».
Un exemple, alors que le « NON » l’avait emporté lors du dernier référendum concernant le traité de Maastricht, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy a été voté en « catimini » le traité de Lisbonne (traité remanié), sans volonté aucune de le soumettre à référendum (sachant que ce traité se heurterait aussi à un « NON »).
On peut donc se demander, si cette liberté démocratique de parole des citoyens par référendum, n’est pas une mascarade.
Je vous invite à découvrir ce qu’en pensait à son époque (1840), Alexis de Tocqueville
http://www.panarchy.org/tocqueville/democratie.1840.html
Ainsi que cette vidéo qui nous montre les effets que produisent les décideurs de la planète en toute liberté:
https://www.youtube.com/watch?v=ipe6CMvW0Dg
Se résigner c’est se soumettre, se « plier » et adhérer à contrecœur à un système qui semble injuste et dont les règles parfois nous « échappent ». N’avons-nous pas à réfléchir comment préserver des valeurs acquises parfois par le sang au sacrifice de vies, pour plus de justice sociale et pour un meilleur confort de vie?
La liberté se mesurerait-elle alors à l’insoumission et à la résistance dont il faut faire preuve pour ne pas tomber dans la servitude ? Car, cela suppose souvent des luttes pour y parvenir, car les manifestations seules ne suffisent parfois pas pour être entendu.
C’est dans ces moments de rassemblement et de « luttes » que des ressources insoupçonnables se font jour, car l’esprit nous «contraint» à être forts, déterminés et créatifs.
Sans doute avons-nous à faire une « r/évolution », qu'il faut souhaiter pacifique, pour se libérer d'un système dans lequel, pour des raisons de rentabilité, de croissance et de profit, les ressources naturelles sont pillées et l'humain n'est qu'un « pion » que l'on hésite pas à « sacrifier » si nécessaire, car dans ce monde, l’homme doit servir à produire de la croissance. Mais à qui profite t-elle vraiment? Car, force est de constater, que plus il y a de riches et plus il y a d’appauvrissement!
Par ailleurs, bien des guerres pourraient être évitées, si elles ne venaient pas servir des intérêts politiques ou idéologiques. Il y a en l’humain des comportements « primitifs », qui n’ont rien de civilisés et qui peuvent se faire jour dans un contexte précis et cela concerne tout le monde.
C’est pourquoi pour avoir le sentiment d’avoir une certaine liberté, il me semble important de prendre du recul pour ne pas entrer dans le «jeu» des divisions, sachant que les identifications et appartenances les alimentent. Le « bien et le juste » sont des arguments dont se servent les « manipulateurs » de tous bords pour arriver à leurs fins. Leur discours paraît être bien rôdé, car il contribue à faire toujours plus d’« adeptes ».
Pour tendre vers une liberté collective incluant la liberté individuelle, n’avons-nous pas, chacun, à effectuer un changement intérieur en parvenant à nous défaire de nos «illusions» que sont les dogmes, croyances, préjugés … ?
Il y a tout un chemin d’éveil avant de sortir de notre « prison » et cela peut prendre du temps pour parvenir à nous libérer d’un conditionnement à travers lequel nous sommes « enfermés», à l’image de la caverne de Platon.
L’intérieur de la caverne telle que décrite par Platon, représente notre monde d’illusions là où règne obscurité et ignorance. Comme les prisonniers de cette caverne qui ne peuvent percevoir autre chose que le mur de la grotte face à eux, nous sommes prisonniers de notre conditionnement et ignorance. Nous sommes «enfermés » dans un monde d’illusions de par notre mode de pensée/penser, constitué de fausses vérités prises pour vraies, de préjugés et d’apriorismes ne reposant que sur des apparences, car passés par le filtre de notre subjectivité. Ceci n’est pas sans affecter notre champ de vision, qui de fait, est limité et « étriqué », incapables que nous sommes d’imaginer qu’il puisse y avoir une autre réalité que la notre.
Toutefois, lors de prises de conscience, quelques lueurs apparaissent et viennent éclairer le chemin qui mène vers la liberté d’être et de penser. Lorsque nous avons si longtemps été plongé dans l’obscurité, il n’est pas aisé d’accepter que cette « lumière » nous amène à une remise en question de notre système de penser. Dans un premier temps, nous pouvons en être déstabilisés et avoir besoin de temps pour sortir de l’illusion.
Dans son livre « L’éléphant enchaîné », Jorge Bucay met en lumière notre système de croyances, une entrave à la liberté. Pour l’illustrer, il raconte l’histoire de l’éléphant de cirque, qui une fois son exhibition terminée, reste calmement attaché à un petit pieu sans tenter de s’en échapper, alors que ce simple bout de bois à peine enfoncé, ne pourrait résister à sa force.
En réalité, il ne s’échappe pas, car il a intégré le fait qu’il ne le peut pas. En lui est resté gravé depuis petit qu’il est incapable de se défaire du pieu auquel il est attaché, ayant tenté en vain de s’en libérer.
Comme l’éléphant de cirque ne sommes-nous pas « prisonniers » de notre système de penser, conditionnés depuis notre plus jeune âge, à être « attachés » à des pieux invisibles qui entravent notre liberté?
La liberté ne se situe t-elle pas aussi dans l’acceptation de ce qui paraît ne pas dépendre de nous et que nous ne pouvons changer?
Nous devons évoluer dans un monde régi par ses règles culturelles et lois civiles, mais notre liberté est aussi sous l’«influence» de « lois naturelles », dont celle de la relation de causes à effets.
La liberté serait liée au pouvoir d’agir dans le champ infini des possibles, ce qui n’est pas sans générer une difficulté, celle d’assumer notre liberté pleine et entière face à nos choix.
Bien souvent, c’est la peur de l’inconnu qui prédomine et elle peut « bloquer » toute initiative de changement. Sous cette emprise, nous nous cramponnons à ce que nous connaissons, sachant en conscience qu’il nous faudrait avoir le courage d’agir ou de réagir.
La difficulté de choisir peut nous confronter au dilemme de l’âne de Buridan, si nous sommes face à deux choix de même équivalence et donc sujet à l’indécision. La liberté paraît alors illusoire, dans la mesure où il nous faut choisir entre deux valeurs identiques, choix qui peut être cornélien, douloureux ou impossible à faire.
« Souvent les gens ne veulent pas voir, entendre et parler de la vérité parce qu’ils ne veulent pas que leurs illusions soient détruites. » - Friedrich Nietzsche
On ne peut aborder la liberté sans évoquer le libre arbitre, mais n’est-il pas qu’une illusion ?
Pour la plupart des individus, le libre arbitre est une notion indissociable de la liberté, dans le sens où nous serions vraiment libres de nos choix et d’agir (choisir de nous-mêmes sans en en être inconsciemment contraints par avance par quelques influences). Car avoir le libre arbitre suppose que nous ayons le plein pouvoir de décision, d’agir librement et d’avoir le plein contrôle sur nos actions, nos pensées et émotions, pour décider par nous-mêmes d’agir ou s’abstenir d’agir. Cela nous engage en terme de responsabilité.
Pouvons-nous être certains que nous choisissons par nous-mêmes et non sous influence?
Ne sommes-nous pas « prisonniers » de nos schèmes, c’est à dire de nos constructions mentales?
Nous éprouvons pourtant une liberté totale de discerner, de juger, de choisir, d’affirmer ou nier…, sans avoir le sentiment d’être conditionné.
Sous l’influence de notre conditionnement, sommes-nous vraiment maîtres de nos pensées, quelles que soient les circonstances, vraiment libres de penser par nous-mêmes?
L’histoire a démontré à maintes reprises, qu’à travers les dogmes, doctrines, idéologies…, que l’homme est prêt à tout pour défendre ce à quoi il croit, conditionné à penser qu’il est dans le juste.
La question du libre arbitre ne se pose t-elle pas à partir de l’ego?
Pour cela, nous pouvons nous poser les questions suivantes : « A quoi est-ce que j’obéis » ? «Est-ce que je suis vraiment libre d’agir, de décider, de faire, ou suis-je manipulé comme une marionnette» ?« En quoi suis-je esclave » ? « De quoi dois-je m’émanciper pour être libre » ?
Il y a un paradoxe, nous voulons la liberté et nous portons des fardeaux qui viennent l’entraver, pourquoi ne pas les déposer pour nous sentir plus légers et libres!
Pour aller vers la libération et cheminer vers le bien-être, n’avons-nous pas à nous délester de poids comme celui de nos ressentis et émotions « douloureuses »?
Nous sommes face à une dualité : « moi » et les autres, favorable ou défavorable, rassurant ou menaçant.
Où est notre libre arbitre avec cette conscience du « moi » asservie par l’ego ?
L’émotion par exemple, n’est-elle pas un mécanisme qui parfois nous « parasite » ?
Nous sommes des êtres sensibles et non de marbre et lorsque nous sommes submergés par une émotion, nous sommes contraints de la ressentir, ce qui a pour effet de nous couper de la réalité, nous empêchant de percevoir ce qui se passe réellement autour de nous. Si nous voulons nous établir dans la sérénité et la paix, la gestion des émotions est essentielle, sachant que de toute manière elles nous limitent toutes.
Sous l’emprise d’une pulsion nous ne pouvons être libres, car nous sommes « tiraillés » en notre for intérieur pour la satisfaire. De même, nous ne pouvons être libres sous l’emprise d’une émotion « douloureuse ». La colère par exemple, peut avoir pour effet de nous mettre hors de nous, nous faisant agir spontanément et parfois de manière violente, ou comme la jalousie peut amener à causer des actes irréparables.
Pour connaître notre non-liberté, il nous faut savoir si nous réagissons émotionnellement et/ou mentalement à un fait extérieur. Si c’est le cas, nous ne décidons pas librement car, si nous étions libres, nous déciderions une fois pour toute de nous établir dans la paix, la joie, l’amour et la sérénité, en l’absence de peur et de douleur.
Nous sommes obligés de reconnaître que les évènements de l’existence ont un pouvoir sur nous. Lorsque nous sommes inquiets ou angoissés, nous sommes sous l'emprise d'un état émotionnel. Lorsqu’une pensée apparaît dans notre cerveau, l’avons-nous décidé? N’est-ce pas alors notre mental émotionnel qui l’impose? Ne réagissons-nous pas émotionnellement aux aléas de la vie? L’existence nous impose nos états d’âmes, nos humeurs. Lorsque nous perdons un être cher, cela nous attriste et s’il nous arrive un heureux événement nous sommes joyeux. Avons-nous décidé d’être joyeux ou triste ? Qu’en est-il de notre liberté lorsque l’émotion nous submerge ?
L’ignorance des causes qui nous déterminent, ne nous plonge t-elle pas dans le sentiment de liberté ?
Et si nos choix étaient influencés... Une multitude de nos actions/réactions proviennent de tout ce que nous ne contrôlons pas, étant déterminées par des facteurs extérieurs et/ou intériorisés, comme nos préjugés, intolérances, jugements, certitudes, système de croyance…, sans oublier ces « chaînes » que sont nos attachements, possessions, désirs, pulsions, habitudes de vie…, qui sont tout autant d’entraves à la liberté et parfois même, au détriment du bien-être.
« L’homme n’est riche qu’en proportion de ce qu’il peut abandonner. » Henry David
Outre le fait que nous nous sommes dépendants de nos besoins élémentaires, nous nous rendons prisonniers de nos possessions. Elles entravent notre liberté, lorsque nous passons du temps et de l’énergie à tenter de les préserver. Certains passent la plupart de leur temps à accumuler des richesses en consacrant beaucoup de temps au travail. D’autres préfèrent être dénués de biens matériels pour profiter librement de leur temps. La liberté ici, est une question de priorité de choix de vie.
Notre libre arbitre est bien limité par l’emprise que l’ego a sur nous, car nous sommes comme le fer prisonnier de l’aimant. Si nous souhaitons plus de liberté, nous devons aller vers la diminution de l’ego de manière à nous libérer le plus possible de son emprise.
Lâcher-prise et renoncement au contrôle...
La liberté, lorsqu’elle est entravée par l’homme, doit parfois émerger de l’esprit. Cette liberté là ne peut être retirée, ni bafouée car elle est en soi. C'est un sentiment profond qui aide à vivre, à rester debout dans la dignité parfois, malgré ce qui peut se passer autour de soi d’effroyable, horrifiant, dévalorisant…
Très souvent les personnes soumises à des agressions comme le viol, ou bien les enfants martyrisés, en font l’expérience. Dans cette douloureuse « traversée » qu’ils sont obligés de subir, il vient un moment d’oubli de ce qui se passe, le moment où leur esprit est totalement libre et déconnecté de leur corps.
Le sentiment de liberté même enfermé dans une prison, ou dans un corps, ou en vivant des situations tragiques…, est un pouvoir, car il permet d’édifier en soi un refuge intérieur où l’on peut se sentir totalement libre et en paix. Un refuge que rien ne peut troubler quoi qu’il se passe.
La liberté ne s’éprouve t-elle pas dans le lâcher-prise de ce qui encombre notre esprit?
« Être libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes : c 'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. »Nelson Mandela.
Nous évoluons au sein d’un monde dans lequel la liberté est relative et notre monde intérieur y ajoute quelques entraves. La liberté telle que définie dans le dictionnaire, se confronte donc à des limites internes/externes, mais ce qui importe, n’est-il pas de se sentir libre ? Le sentiment de liberté libère de toutes les entraves, il nous fait ressentir une liberté illimitée quelles que soient les circonstances de la vie.
Nous sommes tous, interdépendants les uns des autres et faisons parties d'un tout, dont chaque acte que nous posons agit sur ce tout. La liberté telle que nous la concevons est un équilibre bien difficile à trouver, dans un monde instable où les conflits perdurent et se propagent. La justice serait de veiller à préserver nos libertés, même si elles semblent relatives et «fragiles ». Une action commune peut offrir cette liberté...
La liberté est une force et elle est source de vitalité, un équilibre entre aspirations et réalisations. La liberté peut aussi résider dans la confiance totale, la libération des attentes.
Quelques extraits de Jiddu Krishnamurti tiré de « Se libérer du connu »
« Lorsque vous vous dites Indien, Musulman, Chrétien, Européen, ou autre chose, vous êtes violents. Savez-vous pourquoi? C'est parce que vous vous séparez du reste de l'humanité, et cette séparation due à vos croyances, à votre nationalité, à vos traditions, engendre la violence. Celui qui cherche à comprendre la violence n'appartient à aucun pays, à aucune religion, à aucun parti politique, à aucun système particulier. Ce qui importe, c’est la compréhension totale de l’humanité.
La liberté est un état d'esprit, non le fait d'être affranchi de "quelque chose" ; c'est un sens de liberté; c'est la liberté de douter, de remettre tout en question; c'est une liberté si intense, active, vigoureuse, qu'elle rejette toute forme de sujétion, d'esclavage, de conformisme, d'acceptation.
Pour être libéré de la souffrance, il faut être libéré du désir de faire du mal - et aussi du désir de faire du bien, ce prétendu bien qui est lui aussi le résultat de notre conditionnement.
Dans notre bureau nous sommes brutaux, tortueux, et à notre foyer nous nous efforçons d'être dociles, aimants... Est-il possible d'aimer d'une main, de tuer de l'autre? »
Krishnamurti nous dit aussi : « C’est dans l’observation que l’on commence à découvrir le manque de liberté.
On doit donc commencer à comprendre la profondeur et la grandeur de la liberté, on doit commencer par ce qui est le plus près de nous, nous-mêmes. La grandeur de la liberté, de la véritable liberté, sa dignité, sa beauté, résident en soi dès que règne un ordre absolu. Et cet ordre ne s’établit que si nous devenons notre propre lumière. »
http://www.krishnamurti-france.org/Seul-l-espri...
Dans l’être et le néant, la pensée de Sartre pet interpeller, car il dit en substance : « nous sommes condamnés à la liberté », ceci induisant l’idée, que la liberté n’appartient pas à l’homme étant par essence lui-même, liberté. L’homme étant pour Sartre une conscience qu’il situe en dehors de l’être, c’est ce pouvoir de néant qu’il nomme liberté.
Faut-il en déduire que nous sommes avant tout « conscience » et donc libre de fait, ayant certes une nature humaine avec laquelle il faut composer ?
Pour Sartre, par ses choix, l’homme est ce qu’il « se fait ». Ce qui me fait penser que nous sommes certes, mis face à des situations qui nous sont parfois imposées, mais nous sommes totalement libres de leurs donner un sens, de les assumer, de les fuir …. Et si cela nous est rendu impossible, nous sommes totalement libres de nous en extraire par la pensée. C’est pourquoi sans doute avait-il écrit : « Jamais nous n’avons été plus libres que sous l’occupation allemande », ou encore, « L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.»
La liberté totale ne serait-elle donc pas qu’illusion, car aussi bien dans la lumière qui éblouit que dans la nuit qui aveugle, l’homme n’est jamais totalement libre. Nous sommes comme un poisson dans le bocal qui se croit totalement libre. Il peut en effet évoluer à sa guise dans cette eau contenue, sans savoir qu'il est prisonnier de ce contexte.
Pour finir, voici un magnifique texte, "LA LIBERTÉ" de Khalil Gibran
« Vous serez vraiment libres non pas lorsque vos jours seront sans soucis et vos nuits sans désir ni peine, mais plutôt lorsque votre vie sera enrobée de toutes ces choses et que vous vous élèverez au-dessus d’elles, nus et sans entraves.
Et comment vous élèverez-vous au-dessus de vos jours et de vos nuits sinon en brisant les chaînes qu'à l'aube de votre intelligence vous avez nouées autour de votre heure de midi ?
En vérité, ce que vous appelez liberté est la plus solide de ces chaînes, même si ses maillons brillent au soleil et vous aveuglent.
Et qu'est-ce sinon des fragments de votre propre moi que vous voudriez écarter pour devenir libre ?
Si c'est une loi injuste que vous voulez abolir, cette loi a été écrite de votre propre main sur votre propre front.
Vous ne pourrez pas l'effacer en brûlant vos livres de lois ni en lavant les fronts de vos juges, quand bien même vous y déverseriez la mer.
Et si c'est un despote que vous voulez détrôner, veillez d'abord à ce que son trône érigé en vous soit détruit.
Car comment le tyran pourrait-il dominer l'homme libre et fier si dans sa liberté ne se trouvait une tyrannie et dans sa fierté, un déshonneur ?
Et si c'est une inquiétude dont vous voulez vous délivrer, cette inquiétude a été choisie par vous plutôt qu’imposée à vous.
Et si c'est une crainte que vous voulez dissiper, le siège de cette crainte est dans votre cœur, et non pas dans la main que vous craignez.
En vérité, toutes ces choses se meuvent en votre être dans une perpétuelle et demi-étreinte, ce que vous craignez et ce que vous désirez, ce qui vous répugne et ce que vous aimez, ce que vous recherchez et ce que vous voudriez fuir.
Ces choses se meuvent en vous comme des lumières et des ombres attachées deux à deux.
Et quand une ombre faiblit et disparaît, la lumière qui subsiste devient l'ombre d'une autre lumière.
Ainsi en est-il de votre liberté qui, quand elle perd ses chaînes, devient elle-même les chaînes d'une liberté plus grande encore. »